L' exposition “Slumberland” de Virginie Barré aux Collections de Saint Cyprien montée en forme de clin d’oeil à “Little Nemo”, personnage de la cultissime bande dessinée de Winsor McCay (1871-1934), explore le champ du rêve. Après avoir franchi une petite porte nous faisant baisser la tête, le parcours commence par un mannequin, assoupi, duquel semblent s’échapper peu à peu les songes qui composent l’exposition. Mais il faudrait n’avoir jamais été enfant pour croire que seule la féerie habite la nuit. Au contraire, c’est un univers parfois bizarre ou menaçant qui se construit. Comme dans la bande dessinée, les personnages se jouent de sales coups. La logique de la nuit n’est pas prévisible, et des monstres peuvent surgir au détour du chemin le plus merveilleux. Car le rêve est comme un intermédiaire entre la réalité et l’illusion. Virginie Barré utilise ses techniques de prédilection (dessins, tirages lambda, mannequins et installations) pour qu’à chaque pas le visiteur redevienne enfant. A propos de sa pratique, Lili Reynaud-Dewar nous dit : "Lorsqu’on se fournit en objets et vêtements délaissés dans des trocs de province, qu’on extirpe ses personnages des tréfonds de comics jaunis et de polars TV beigeasses, qu’on restitue l’atmosphère déviante et titubante d’un carnaval breton, qu’on fabrique des ersatz de cadavres avec du scotch et des collants rembourrés de papier journal, qu’on redessine les photographies de travellers zonards américains du troisième âge ou d’enfants étranges et mal attifés, j’en passe, on touche aux marges délaissées de la culture populaire, à cette zone périphérique, non domestiquée et un peu repoussante qui constitue le socle d’un art démocratique, volontiers kitsch, et « étrangement inquiétant ». » Les personnages sont silencieux et l’on ne sait pas exactement à quoi s’attendre : sont-ils amis ou ennemis? Tel ce spectaculaire vieil indien accroupi qui, plongé dans la pénombre, semble en appeler à des forces mystiques. Prendre une exposition comme un rêve permet également à Virginie Barré de nous contraindre à accepter une nouvelle réalité, doublant celle que l’on laisse derrière soi. Ici, La temporalité du parcours est proche de celle du songe, nous invitant à des passages plus lents que d’autres, à des lectures multiples et à des choix de retour vers ce qui interroge ou dérange. Car nous sommes comme condamnés à dormir tous les jours ou presque, comme condamnés à ne pas contrôler nos pensées pendant de très longs moments, qui nous dépassent. L’exposition de Virginie Barré nous plonge donc de l’autre coté du miroir, ou pour être plus exact, elle nous entraîne dans les espaces incroyables explorés par le petit Nemo dès qu’il ferme les yeux et ce jusqu’à ce qu’il tombe de son lit (effrayé la plupart du temps). La beauté et la douceur des oeuvres de Virginie Barré se mêlent aux monstres les plus déroutants. Ces aspects déjà présents depuis 2001 dans le travail de l’artiste se combinent ici pour former décor saupoudré d'onirisme à la manière des lanternes magiques qui projetaient sur les murs de merveilleuses images au 17e siècle. Sébastien Planas Directeur des Collections de Saint Cyprien Exposition “Slumberland” de Virginie Barré aux Collections de Saint Cyprien, du 24_02_07 au 22_04_07 L’exposition se compose de six mannequins environ et d’une vingtaine de dessins originaux et tirages lambdas inédits. Les travaux de Virginie Barré ont été montrés entre autre à: galerie Loevenbruck, Paris; Parker’s Box gallery New York; Ritter Zamet Gallery, Londres ; adn galeria, Barcelone; Palais de Tokyo, Paris. Virginie Barré est née en 1970 à Quimper Elle vit et travaille à Douarnenez Collections publiques: Collection de Saint Cyprien, France FNAC, la Défense, Puteaux, France FRAC Basse-Normandie, Caen, France Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Franc